Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial appelle à se saisir de la nouvelle dynamique politique au Burundi pour consolider l’unité et la paix

L'envoyé spécial Michel Kafando. UN Photo

9 aoû 2018

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial appelle à se saisir de la nouvelle dynamique politique au Burundi pour consolider l’unité et la paix

 Le 9 aout 2018, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi a appelé, devant le Conseil de sécurité, les autorités et la classe politique burundaises à saisir l’opportunité de la nouvelle dynamique en cours et à œuvrer ensemble à la création d’un environnement politique, propice à la consolidation de l’unité nationale et à la paix. 

M. Michel Kafando avait à l’esprit la promulgation, le 7 juin, de la nouvelle Constitution burundaise et l’annonce officielle faite, le même jour, par le Président Pierre Nkurunziza, de ne pas prétendre à un quatrième mandat en 2020 et d’apporter tout son soutien au prochain président.

Contrairement à ceux qui lui prêtaient l’intention de vouloir façonner la Constitution pour se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, le Président a posé un geste de haute valeur politique et démocratique qui est un bel exemple non seulement pour le pays mais également pour le continent, s’est enorgueilli le représentant du Burundi. 

La Constitution et l’annonce du Président saluée aujourd’hui par tous les membres du Conseil de sécurité, sont, s’est félicité l’Envoyé spécial, deux actes majeurs qui nous offrent une opportunité à saisir pour avancer dans le règlement de la situation au Burundi.  M. Kafando a indiqué que, mis à part quelques contestations de l’opposition, la situation demeure calme dans le pays.  

L’Envoyé spécial a estimé que les visites récentes, dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale, de plusieurs délégations de haut niveau, traduisent la volonté du Gouvernement d’améliorer ses relations avec la communauté internationale.  En la matière, il a espéré que le Burundi et l’Union européenne reprendront bientôt le dialogue en vue de la poursuite rapide de leur coopération financière.

En attendant, les membres du Conseil se sont surtout concentrés sur les élections de 2020 qu’ils ont voulues « libres, justes et transparentes », selon les mots de la représentante de la France, « avec une pleine et égale participation des femmes », ont ajouté ceux des Pays-Bas et de la Suède.  Leur homologue des États-Unis n’a pas été le seul à dénoncer les violations continues des droits de l’homme, dont les restrictions « excessives » de l’espace civique et politique, le musellement des médias, les arrestations arbitraires et les peines abusives infligées aux défenseurs des droits de l’homme.  Le représentant des Pays-Bas a ajouté à ces fléaux les agissements de la milice imbonerakure et l’infiltration des agents du Service national des renseignements dans les camps de réfugiés en Tanzanie. 

La déléguée de la France a formé le vœu qu’un dialogue interburundais inclusif dans l’esprit de rassemblement et de coexistence pacifique instauré par l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi, puisse s’engager, avec l’appui de la médiation des pays de la Communauté d’Afrique de l’Est, afin de mettre en place les conditions nécessaires à de bonnes élections.

L’impasse politique actuelle ne peut être résolue que par un dialogue « pacifique, ouvert et consensuel », a acquiescé le délégué de l’Éthiopie, insistant sur le caractère « urgent » d’un tel dialogue pour assurer une paix et une stabilité durables et appelant le Conseil de sécurité à explorer de nouvelles idées pour travailler avec le Burundi.

Le Conseil devrait surtout avoir « le courage » de retirer le Burundi de son ordre du jour, a tranché le représentant de ce pays, fustigeant des réunions « en cascade » qui risquent de devenir un facteur de déstabilisation et un frein aux efforts régionaux.  La place que le Burundi mérite aujourd’hui ne se trouve pas dans cette salle, mais au niveau des agences des Nations Unies en charge du développement socioéconomique pour booster son relèvement, a-t-il ajouté soutenu par ses homologues de la Chine et de la Fédération de Russie qui a conseillé: « cessons de donner des leçons à un pays souverain », et qui a dénoncé le point de vue « alarmiste » de certains membres du Conseil, « jouant en faveur de l’opposition ». 

Le représentant du Burundi n’a pas manqué l’occasion de demander la levée des sanctions, arguant d’une situation « calme, stable et entièrement sous contrôle » qui ne saurait constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a affirmé que le dialogue, comme moyen de trouver des solutions pacifiques aux différends politiques, est devenu une « culture » dans son pays.  C’est dans ce cadre, a-t-il souligné, que quelque 20 partis politiques ont adopté, le 3 août dernier, une feuille de route en vue des élections.

S’agissant des droits de l’homme, le représentant, qui a insisté sur le retour de plus de 206 000 réfugiés, entre 2016 et 2018, a dit attendre la notification officielle du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme sur la nomination de trois experts.  Il a aussi assuré que son pays reste ouvert à des discussions constructives sur le mémorandum d’entente relatif au Bureau du Haut-Commissariat.  L’Envoyé spécial a en effet appelé les autorités burundaises à tenir ces discussions et à accepter « enfin » de signer l’accord de siège afin de permettre à son propre bureau, à Bujumbura, de fonctionner dans les meilleures conditions.

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